RIP V.A. Liquidation judiciaire de Vent d'Aubrac.

Si j'étais une femme je vous dirais avec une fierté bravache que j'avais raison quand il y deux ou trois ans j'avais fait un sujet
évoquant les difficultés financières de Vent d'Aubrac en en analysant les raisons, sujet qui m'avait valu les foudres de Michel Frayssou
qui, par un moyen minable, s'était procuré mon adresse afin que son avocat puisse me menacer de poursuites et avait ainsi obtenu le
retrait du dit sujet.

Bref, cela est du passé désormais, et le présent c'est Vent d'Aubrac qui a mis la clef sous la porte. Annoncée hier sur le FB de Pierre Martin
j'ai eu confirmation de cette info par d'autres sources ce matin même.

Je ne cache pas ma vive inquiétude pour les emplois supprimés, une vendeuse, deux MOF dont un double. Pas d'état d'âme en revanche pour
Michel Frayssou car le capitaine est toujours responsable d'un naufrage d'une part, et que d'autre part ce n'est pas sa première faillite et
il rebondira car il semble étonnement être parvenu jusqu'a présent à rebondir en conservant la confiance des investisseurs. Bon, c'est un entrepreneur donc un homme avec une belle capacité de résilience, il saura remonter la pente et peut-être même qu'il aura appris de ses erreurs.

Cet échec soulève cependant diverses questions, d'abord celles relatives à l'avenir des employés laissés sur le carreau, et auxquels je souhaite
de tout mon cœur un avenir radieux avec un rapide retour à l'emploi, ensuite celles relatives au concept de feu VA.

On s'en souvient VA première mouture c'était la référence qualitative sur Laguiole, de belles pièces y compris custom à des prix accessibles
pour la qualité, et c'est resté ainsi jusqu'a ce que Michel Frayssou ait cet éclair de génie de VA 2 avec des MOF, éclair prélude à l'orage
d'emmerdements actuel.
A mon avis un business plan bâclé et d'une grande naîveté, car comment croire que dans un secteur en souffrance comme la coutellerie on pourrait gagner du fric en se spécialisant dans une niche haut de gamme avec ce que cela suppose de charges fixes, car un MOF se paie
plus cher qu'ouvrier lambda et le prix supérieur de ses réalisations ne peut compenser la faiblesse quantitative de sa production ( en général
un ouvrier sur Laguiole "crache" sa vingtaine de couteaux par jour, pour un salaire proche du SMIC).

Un pari sur "l'effet MOF"? on sait désormais qu'il est très limité, et on voit bien qu'on ne se bat pas pour embaucher ces MOF qui sont pourtant
le fleuron de notre coutellerie hexagonale. Un des gros patrons de coutellerie sur l'Aveyron considère un ratio de un MOF pour vingt ouvriers
normaux...là ça se tient puisque on a la production de masse plus la production de très haute qualité d'un MOF, et le bénéfice en terme d'image.
Seulement voilà, si on met de côté le bénéfice en terme d'image, finalement peu quantifiable, pourquoi une entreprise irait surpayer un MOF alors
qu'il existe sur le marché des ouvriers expérimentés et excellents en coutellerie d'art qui sont capables de produire au même niveau artistique
et qualitatif sans être payés autant ( Pierre Martin est le parfait exemple de ce que je décris).

En conclusion, si l'idée était bien naîve (réunir des MOF) elle était néanmoins belle et ça aurait peut-être pu marcher en gérant cela autrement,
j'espère que pour l'équipe il en restera une belle aventure humaine et je sais que pour bien des collectionneurs il en restera quelques pièces
d'exception qui nous on fait rêver.

Puisque je me suis mis dans la peu d'une femme chiante pour commencer ce sujet, je vais le conclure en me mettant dans la peau d'une femme
trompée:

"Merci pour ce moment"

Belle réflexion intéressante....dommage que l'auteur se soit laissé  aller dans ses première et dernière phrases à un sexisme douteux même s'il est teinté d'humour.

La fierté bravache n'est pas un caractère féminin dominant.....et pourquoi avoir employé le terme "femme chiante", n'est-ce pas un pléonasme ?

Ce pléonasme n'engage que toi

Pour le reste j'ai quand même pris soin de terminer sur une référence (sous)littéraire...

Merci pour l'info et la qualité de ce post que je trouve plein de bon sens.

Ayant demandé un devis pour une réalisation personnalisée il y a quelques mois (où je n'ai pas donné suite), je me demande ce qu'il serait advenu de ma commande (ainsi que les commandes récentes d'autres clients) avec de tels événements.

C'est toujours dommage qu'une entreprise comme celle-ci mette la clé sous la porte et laisse ses employés sur le carreau .

oui dommage , mais bon le boss rebondira , espérons que les employés aussi .

Le positionnement tarifaire était étrange , meme en gamme ordinaire , c'était cher à mon avis .

Dommage, dommage.
Une réflexion très intéressante et relatée avec une certaine verve.
Dommage? Pourquoi?
Cela ressemble à une vengeance antérieure.
Dommage, dommage.

Je savais depuis longtemps ce moment inéluctable, et je suis rancunier, du coup je pense être resté très sobre dans ce contexte, sans te donner tort cependant.

Radounaud a écrit:Cela ressemble à une vengeance antérieure.

Je pense que ma réaction serait exactement la même si j'étais dans cette position.

Comme certains insectes à la vie éphèmère , toujours triste même si on le sentait venir, comme la Fonderie de Laguioles ….

Je ne donne pas d'avis personnel sur la question: je me range du côté de l'analyse de Nico…
Je connais trop peu Laguiole, pour n'y être allé que trois fois; à chaque fois, ravi par la beauté du pays, du village et surpris par l'omniprésence du Couteau; j'ai néanmoins compris que ce monde du couteau et tout particulièrement à Laguiole, fait vivre des ouvriers, des artistes, des commerçants  et … des hommes d'affaires; la dernière catégorie s'en sort généralement mieux, en cas de difficultés, que les autres. Mais c'est pas nouveau.

Bazanne a écrit:et … des hommes d'affaires; la dernière catégorie s'en sort généralement mieux, en cas de difficultés, que les autres. Mais c'est pas nouveau.

Oui malheureusement ...

C'est désormais le règne des investisseurs sans état d'âme « si je peux me faire du fric avec le couteau alors je vais faire du couteau».

Ce qui est vraiment regrettable sur le projet VA, c'est que même s'il a été un peu naïf et mal pensé dès le départ, c'était aussi un projet ambitieux d'un point de vue qualitatif. On peut penser ce qu'on veut d'une production qui a été assez majoritairement du semi industriel haut de gamme avec de la gravure, on pourrait certainement attendre mieux de la part d'une telle équipe que de la fourniture gravée, on doit aussi reconnaître que toutes les pièces qui en sont sorti étaient réellement remarquables.

Je me demande cependant si dans le microcosme du couteau de Laguiole artisanal on est pas en train de marcher un peu sur la tête en restreignant la définition du haut de gamme à de la fourniture gravée de partout et parfois habillée de belles matières luxueuses.

Il y a un truc qui me semble assez éloquent, c'est quand on sort du petit monde du couteau de Laguiole pour regarder plus largement l'univers des amateurs de couteaux. On en a pour exemple le forum néoczen dont l'éclectisme de ses goûts est certainement une meilleure vision du paysage coutelier français et international que ne peut l'être notre forum dont la ligne éditoriale est extrêmement restreinte. Ce que l'on peut y voir est que par exemple une entreprise comme vent d'Aubrac ne fait pratiquement pas parler d'elle et qu'un double meilleur ouvrier de France comme Jean-Michel Cayron ne génère pratiquement aucune activité contrairement à par exemple David brenière.

Il y a certainement des pistes de réflexion de ce côté-là. Et tous ceux qui parmi vous fréquentent assidûment les salons sont conscients de cette réalité et de ceux qui sont vraiment les stars du marché.

nico a écrit:Il y a un truc qui me semble assez éloquent, c'est quand on sort du petit monde du couteau de Laguiole pour regarder plus largement l'univers des amateurs de couteaux. On en a pour exemple le forum néoczen dont l'éclectisme de ses goûts est certainement une meilleure vision du paysage coutelier français et international que ne peut l'être notre forum dont la ligne éditoriale est extrêmement restreinte. Ce que l'on peut y voir est que par exemple une entreprise comme vent d'Aubrac ne fait pratiquement pas parler d'elle et qu'un double meilleur ouvrier de France comme Jean-Michel Cayron ne génère pratiquement aucune activité contrairement à par exemple David brenière.

Il y a certainement des pistes de réflexion de ce côté-là. Et tous ceux qui parmi vous fréquentent assidûment les salons sont conscients de cette réalité et de ceux qui sont vraiment les stars du marché.

Je crois surtout que sur néo ceux qui apprécient les couteaux régionaux sont extrêmement minoritaire et surtout en ce qui concerne le laguiole.
Pour ma part j'avoue une grande lassitude face au laguiole dont la forme reste un carcan pour les créateurs qui voudraient innover

J'ai le fin mot de l'histoire
Ce sont les employés qui ont fait mettre l'entreprise en liquidation car ils n'étaient pas payés depuis plusieurs mois

unclejohn a écrit:

nico a écrit:Il y a un truc qui me semble assez éloquent, c'est quand on sort du petit monde du couteau de Laguiole pour regarder plus largement l'univers des amateurs de couteaux. On en a pour exemple le forum néoczen dont l'éclectisme de ses goûts est certainement une meilleure vision du paysage coutelier français et international que ne peut l'être notre forum dont la ligne éditoriale est extrêmement restreinte. Ce que l'on peut y voir est que par exemple une entreprise comme vent d'Aubrac ne fait pratiquement pas parler d'elle et qu'un double meilleur ouvrier de France comme Jean-Michel Cayron ne génère pratiquement aucune activité contrairement à par exemple David brenière.

Il y a certainement des pistes de réflexion de ce côté-là. Et tous ceux qui parmi vous fréquentent assidûment les salons sont conscients de cette réalité et de ceux qui sont vraiment les stars du marché.

Je crois surtout que sur néo ceux qui apprécient les couteaux régionaux sont extrêmement minoritaire et surtout en ce qui concerne le laguiole.
Pour ma part j'avoue une grande lassitude face au laguiole dont la forme reste un carcan pour les créateurs qui voudraient innover

Clair que sur neoczen , les fans de régionaux et les laguioles sont minoritaires à part pour des noms comme Beillonet ou Bréniere 
reniere .
le laguiole est peu évolutif , certes mais perso , j'ai encore quelques graal à obtenir .
Il y a moyen de se faire plaisir pour pas cher ou cher selon les moyens du moments ( ) après je peux concevoir que collectionner 10 laguioles de R.Aubry , à force c'est redondant .

unclejohn a écrit:J'ai le fin mot de l'histoire
Ce sont les employés qui ont fait mettre l'entreprise en liquidation car ils n'étaient pas payés depuis plusieurs mois

Grrrrr ....

Grrrrr ....

Que signifie ce grognement à tendance bestiale ?

tontondédé a écrit:Que signifie ce grognement à tendance bestiale ?

C'est pour le fait que les employés n'aient pas été payés ....

Ok

capello a écrit:oui dommage , mais bon le boss rebondira , espérons que les employés aussi .

Le positionnement tarifaire était étrange , meme en gamme ordinaire , c'était cher à mon avis .

bonjour à tous
j'interviens un peu tard
j'ai connu Michel Frayssou quand il dirigeait la forge de Laguiole et au début de Vent d'Aubrac
j'ai travaillé avec lui en temps que revendeur
cela se passait très bien il avait une gamme intéressante de couteau pour toute les bourses
Après la liquidation de La forge de Laguiole il a changé son fusil d'épaule en faisant uniquement du haut de gamme 
la dernière fois que j'ai vu Michel cela devait être en 2014, j'étais passé par Laguiole pour me faire un petit stock
on avait passé un moment ensemble (en buvant un coup bien sur  )avec Michel et Jean Michel Cayron qui venait d'arriver à Vent d'Aubrac, je ne le connaissait pas, ce  fut agréable et fort intéressant.
J'avais dit à Michel à l'époque "je pense que tu devrais peut être faire une gamme plus abordable", si ma mémoire est bonne son premier prix était à 450€
En rentrant j'avais dit à mon épouse je souhaite vraiment que cela marche mais j'ai un doute, il est devenu trop cher
merci de m'avoir lu
cdlt
ced

Je ne comprends pas Michel Frayssou.
Il semble être un grand passionné et la première mouture de vent d'Aubrac le montrait bien, avec sa production à la fois magnifique et accessible.
C'est à l'évidence quelqu'un qui a de bonnes idées, mais avec deux faillites consécutives c'est clairement un piètre gestionnaire, peut-être qu'il rêve trop comme semble le montrer la deuxième mouture de vent d'Aubrac.

Suite à la liquidation, quelqu'un sait-il ce que sont devenus (professionnellement) les trois "pointures" de Vent d'Aubrac: Cyrille Manelphe, Jérôme Lamic et Jean-Michel Cayron?

Manelphe est brièvement revenu à Sauveterre, puis reparti, depuis je ne sais pas.
Pas de reprise d'activité à ma connaissance pour les autres. Vont-ils se mettre à leur compte?

J.M avait racheté une maison rue du Valat et y avait installé un atelier y compris pour sa compagne qui y fabrique de jolis bijoux.
Maintenant il s'est mis à son compte et vend directement ses couteaux

Je suis content de savoir que Jean-Mi rebondit, reste à savoir ce que deviennent les deux autres.